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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/112

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Frères, dans votre cœur mon cantique de mort
Réveillera du moins des douleurs sans remord !
Oh ! si mes chants obscurs s’élevaient jusqu’au trône,
À l’avare trésor j’arracherais l’aumône ;
Au soleil de Juillet, nous verrions du tombeau
Le village phénix ressusciter plus beau ;
Dans ce mois qu’on dédie à la Liberté-Reine,
Elle-même à l’enfant servirait de marraine,
D’un souvenir de gloire ennobli pour toujours,
Il serait appelé le hameau des TROIS-JOURS !
Et vous dont le shako, civil ou militaire,
Étincela dans l’ombre au reflet du cratère,
Artisans dont le feu tatoua les bras nus,
D’une Iliade obscure Achilles inconnus,
Sur vos seins fraternels, sillonés par la flamme,
Les roses de l’honneur pleuvraient comme un dictame.

Aux malheureux chassés de leurs toits en débris
Hélas ! ouvrons du moins nos foyers pour abris ;
Ne laissons pas, semblable au voyageur biblique,
Le pélerin gémir dans la place publique.
Riches, dont l’existence est un banquet sans fin,
C’est à vous de jeter à la soif, à la faim,
Les miettes du gâteau que votre main découpe,
L’écume du nectar débordant de la coupe.