Les syllabes d’un nom s’échappaient de ses lèvres,
Quand, tout à coup, du seuil qu’il venait d’embraser,
Le feu, comme Othello, bondissant sur sa couche,
Interrompit le mot commencé par sa bouche,
Et l’étouffa dans un baiser.
Maintenant, dites-moi ce qu’elle est devenue !
Peut-être foulons-nous sa poussière inconnue :
La flamme s’acharna sur ce corps frais et beau,
Et quand on éteignit le bûcher funéraire,
Horreur ! il n’en restait pas même de quoi faire
Un cadavre pour le tombeau.
Plaignons aussi, mêlant ce que le Destin mêle,
Dans cet auto-da-fé son père mort comme elle,
Et sa mère surtout, sa mère qui la vit
Dans son linceul brûlant se débattre… et qui vit !
C’est assez : détournons les yeux de cette rive,
Où la voix de Rachel, qui sanglote, m’arrive.
Où l’on heurte du pied des débris et des os,
Où les âmes des morts pleurent dans les roseaux,
Où, dans les doux parfums que la brise promène,
On craint de respirer une poussière humaine.
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