Pour attiser encor son foyer, pour nourrir
Encore quelques jours son enfant, et mourir.
Plus d’amour sous l’ombrage, et la forêt complice
Gémit sous les frimas comme sous un cilice.
La forêt, autrefois belle nymphe, laissant
Aller ses cheveux verts au zéphyr caressant,
Maigre et chauve aujourd’hui, sans parfum, sans toilette,
Sans vie, agite en l’air ses grands os de squelette.
Un bruit mystérieux par intervalle en sort,
Semblable à cette voix qui disait : Pan est mort !
Oui, la nature entière agonise à cette heure,
Et pourtant ce n’est pas de son deuil que je pleure
Non, car je me souviens et songe avec effroi
Que voici la saison de la faim et du froid ;
Que plus d’un malheureux tremble et se dit : « Que n’ai-je,
» Pour m’envoler aussi, loin de nos champs de neige,
» Les ailes de l’oiseau, qui va chercher ailleurs
» Du grain dans les sillons et des nids dans les fleurs !
» Vers ces bords sans hiver que l’oranger parfume,
» Où l’on a pour foyer le Vésuve qui fume,
» Où devant les palais, sur le marbre attiédi,
» Le Napolitain dort aux rayons du midi,
» Oh ! qui m’emportera ?… » Mais captif à sa place,
Hélas ! le pauvre meurt dans sa prison de glace ;
Il meurt, et cependant le riche insoucieux
Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/117
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