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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/121

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À moi toutes les parts, je me nomme lion !
Alors s’accomplira l’épouvantable scène
Qu’Isnard prophétisait au peuple de la Seine ;
Au rivage désert les barbares surpris,
Demanderont où fut ce qu’on nommait Paris.
Pour effacer du sol la reine des Sodomes,
Que ne défendra pas l’aiguille de ses dômes,
La foudre éclatera ; les quatre vents du ciel
Sur le terrain fumant feront grêler du sel ;
Et moi, j’applaudirai : ma jeunesse engourdie
Se réchauffera bien à ce grand incendie.

Ainsi je m’égarais à des vœux imprudents,
Et j’attisais de pleurs mes iambes ardents.
Je haïssais alors, car la souffrance irrite ;
Mais un peu de bonheur m’a converti bien vite.
Pour que son vers clément pardonne au genre humain,
Que faut-il au poëte ? Un baiser et du pain.
Dieu ménagea le vent à ma pauvreté nue ;
Mais le siècle d’airain pour d’autres continue,
Et des maux fraternels mon cœur est en émoi.
Dieu, révèle-toi bon pour tous comme pour moi.
Que ta manne en tombant étouffe le blasphème ;
Empêche de souffrir, puisque tu veux qu’on aime !
Pour que tes fils élus, tes fils déshérités