Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/227

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SOYEZ BÉNIE



Je soupirais, triste et malade :
« Que sont devenus le fuseau,
Et le baiser et la ballade
Qui m’endormaient dans mon berceau ? »
Mes pleurs coulaient… lorsqu’une enchanteresse
Me dit : « Enfant, verse-les dans mon sein. »
Soyez bénie, ô vous dont la tendresse
Donne une mère à l’orphelin !

Je répètais : « Du moins que n’ai-je
Ton bras pour guide et pour appui,
Frère[1] qu’en un linceul de neige
Le vent du nord berce aujourd’hui !… »
Mais tout à coup, une chaste caresse
Sur mon front pâle essuya le chagrin :
Soyez bénie, ô vous dont la tendresse
Donne une sœur à l’orphelin !

  1. Soldat de la grande armée mort en Russie.