Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/226

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Et, hurlant des appels que le ver entend seul,
Se débat convulsif dans les plis du linceul.
Mais au bonheur, après cette agonie amère,
Vous m’avez fait renaître, et vous êtes ma mère.
Pour me guérir enfin du coup qui m’étourdit,
Il ne fallait qu’un mot : ce mot vous l’avez dit.
Et tout à coup voyez comme le charme opère :
« Courage ! » et je suis fort : « Espérance ! » et j’espère ;
Et d’un sommeil fiévreux je me réveille sain,
Honteux de ne pouvoir payer le médecin.
Oh! patience ! un jour j’acquitterai ma dette.
J’ignore quel sera mon destin de poëte :
Dois-je, tendant ma coupe à l’Amour échanson,
De l’écume qui tombe arroser la chanson ;
Phalène qui tournoie à l’éclair d’une épée,
Irai-je dans le sang picorer l’épopée,
Cueillir la blanche idylle en fleur dans le hameau,
Ou du saule pleureur effeuiller un rameau,
Je doute encor ; mais cette moisson de gloire,
Vous l’aurez fait éclore, et j’ai longue mémoire,
Et, de mon frais butin parfumant vos genoux,
« Prenez, dirais-je alors : tout cela, c’est à vous !… »