Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/232

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S’il pardonne au remords, » dit l’enfant, et voilà
Au milieu du désert ses petits pieds en route : —
Le désert est bien grand ! Dieu conduise Abdallah !

Le désert est bien grand, et presque infranchissable :
C’est un champ de poussière et de feu ; rien n’y croît,
Ni mûres ni bleuet, enfants, et l’on n’y voit
Que du soleil et du sable.
Tantôt d’un rocher caverneux,
Au pieds du voyageur égaré dans l’espace,
Un boa sort, fouettant la terre de ses nœuds ;
Tantôt c’est un lion qui passe,
Calme et superbe, avec de la chair vive au dents,
Et de gros yeux pareils à des charbons ardents.

À travers le soleil et les vents et l’orage,
Notre pénitent va, n’ayant pour tout fardeau
Qu’un gâteau de maïs, un bâton de voyage,
Et, pendante au côté, sa gourde pleine d’eau.

Mais voilà qu’au désert un cri mourant l’implore :
C’était un pauvre chien qui, sur le sable ardent,
Dévoré par la soif, hurlait en le mordant.
La route à parcourir était bien longue encore ;
Sa gourde résonnait à moitié vide : eh bien !