La pâle mère en deuil, devant un crucifix,
Au vainqueur de la mort redemandant son fils ;
Le vieillard qui mourant, de ses lourdes sandales,
Comme pour dire : ouvrez, heurte aux funèbres dalles,
Et prêt à s’endormir de son dernier sommeil,
Aux pieds de Jésus-Christ s’étend comme au soleil…
Mais plus souvent, hélas, c’est l’artiste profane
Contemplant aux piliers l’acanthe qui se fane,
Admirant des couleurs sur la toile où revit
Le fait miraculeux qu’un siècle expiré vit,
Époussetant de l’œil chaque peinture usée,
Et du seuil à la nef parcourant un musée.
Au milieu des autels qui s’écroulent partout,
L’autel païen des arts est seul resté debout.
Et la rougeur au front, je l’avoûrai moi-même,
Qui suspends à la croix l’ex-voto d’un poëme,
Dans le temple, au hasard, j’aventurais mes pas
Et j’effleurais l’autel et je ne priais pas.
Autrefois, pour prier, mes lèvres enfantines
D’elles-mêmes s’ouvraient aux syllabes latines,
Et j’allais aux grands jours, blanc lévite du chœur,
Répandre devant Dieu ma corbeille et mon cœur.
Mais depuis, au courant du monde et de ses fêtes
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