Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/241

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D’une langue de feu m’illumina la face ;
Les deux blancs chérubins, levant leur front courbé,
Avec plus de ferveur prièrent au jubé ;
Et l’orgue, s’éveillant sous un doigt invisible,
D’un long et doux murmure emplit la nef paisible.
Et je versai des pleurs, et reconquis à Dieu,
Au tombeau de Racine alors je fis un vœu.

Ce vœu je l’accomplis en écrivant ces pages.
Les temps étaient passés des saints pélerinages :
Je ne pouvais aller, courbé sous le bourdon,
Boire au Jourdain captif le céleste pardon ;
Au rivage où fleurit la parole divine
Ma muse ira du moins. Pars, muse pélerine,
Conduite à Bethléem par l’étoile des rois,
Au Gloria des cieux mêle ta douce voix ;
Rallume l’âtre éteint de Marthe et de Marie ;
Consulte le voyant au puits de Samarie ;
Et, fidèle au gibet de ton Dieu méconnu,
Sous le sang rédempteur prosterne ton front nu,
Puis, malgré l’incrédule et ses bruits de risée,
Relève fièrement la tête baptisée.

Dieu bénira mes chants ; sur les autels divers
Puisqu’on sème des fleurs, on peut jeter des vers.