Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/243

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Fatigué d’un long vol, l’oiseau porte-tonnerre
Replia sa grande aile et dormit dans son aire.
Seul pour sauver le monde agonisant déjà,
Le petit roitelet voltigea, voltigea
Jusqu’au sommet des cieux ; mais, couvert d’étincelles,
À l’élément conquis il se brûla les ailes,
Et dans les bois, chantant pour le bénir en chœur,
Le Prométhée obscur tomba mort et vainqueur.

Que je succombe ou non à l’œuvre expiatoire,
À celui qui m’inspire, à Dieu louange et gloire !
Quand la brise du soir en passant à travers
L’orgue du marécage, aux mille tuyaux verts,
En pousse vers le ciel une plainte touchante,
Voyageur, ne dis pas : « Gloire au roseau qui chante ! »
Mais, le foulant aux pieds, dis : « Gloire au Dieu vivant
Qui féconde la boue et qui commande au vent ! »