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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/246

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LA SŒUR DU TASSE


Dans l’ombre de mon cœur mes plus fraîches amours,
Mes amours de seize ans refleuriront toujours.
Brizeux


Oh ! bien avant Mercœur, la Sapho de la Loire,
Le poëte a servi de pâture à la gloire,
Sphinx dévorant qui veille aux portes de Paris ;
Et peut-être (qui sait ?) de la chambre où j’écris
Le Tasse un jour fut l’hôte, et ma table de hêtre
Boiteuse sous son coude a chancelé peut-être.
Assis sur l’escabeau, peut-être, où je m’assieds,
Il écoutait Paris bourdonner à ses pieds,
Et pensif, arrêtant chaque nue au passage,
Pour son pays lointain la chargeait d’un message.
Il ne l’envoyait pas à Ferrare, où pourtant
Aux genoux d’une Armide il dormit un instant ;
Non : sa blessure au cœur était enfin guérie ;
Non, mais il soupirait : « Loïsa, sœur chérie,
Mes premières amours, que faites-vous là-bas ?