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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/255

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À MON ÂME


Fuis, âme blanche, un corps malade et nu ;
Fuis en chantant vers un monde inconnu !

À dix-huit ans, je n’enviais pas, certes !
Le froid bandeau qui presse les yeux morts.
Dans les grands bois, dans les campagnes vertes,
Je me plongeais avec délice alors ;
Alors les vents, le soleil et la pluie,
Faisaient rêver mes yeux toujours ouverts ;
Pleurs et sueurs depuis les ont couverts ;
Je connais trop ce monde… et je m’ennuie ;

Fuis, âme blanche, un corps malade et nu ;
Fuis en chantant vers un monde inconnu !

Las et poudreux d’une route orageuse,
Je chancelais sur un sable flottant ;
Repose-toi, pauvre âme voyageuse ;
Une oasis, là-haut, s’ouvre et t’attend.