Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/256

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Le ciel qui roule, étoilé, sans nuage,
Parmi des lis semble des flots d’azur :
Pour te baigner dans un lac frais et pur,
Jette en plongeant tes haillons au rivage !

Fuis, âme blanche, un corps malade et nu ;
Fuis en chantant vers un monde inconnu !

Fuis, sans pitié pour la chair fraternelle :
Chez les méchants lorsque je m’égarais,
Hier encor tu secouais ton aile
Dans ta prison vivante… et tu pleurais ;
Oiseau captif, tu pleurais ton bocage ;
Mais aujourd’hui, par la fièvre abattu,
Je vais mourir, et tu gémis !… Crains-tu
Le coup de vent qui brisera ta cage ?

Fuis, âme blanche, un corps malade et nu ;
Fuis en chantant vers un monde inconnu !

Fuis sans trembler : veuf d’une sainte amie,
Quand du plaisir j’ai senti le besoin,
De mes erreurs, toi, colombe endormie,
Tu n’as été complice ni témoin.
Ne trouvant pas la manne qu’elle implore,