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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/259

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Avec le pâtre au ravin j’allais boire.
M’inspirant là, pauvre et gai, j’y vécus ;
Fontaine aux vers, quel conte dérisoire
T’a fait nommer la fontaine aux écus ?

Je n’eus jamais ce qu’a la boulangère ;
Mais quand l’amour me caressait alors,
S’il étreignait une bourse légère,
Il sentait battre un cœur plein de trésors.

Trésors perdus ! la semence divine
Que j’étalais, vaniteux paresseux,
S’est envolée, et rien n’a pris racine,
Et cependant je lui disais : Ma sœur,

Un beau laurier sur votre front d’ivoire
Remplacera la rose du buisson.
Je le disais et mon rêve de gloire
A, comme tout, fini par des chansons,

Au Val-Bénit partez, fils de ma muse !
A peine éclos, c’est là qu’il faut aller ;
Partez sans moi, vous direz pour excuse :
« Il n’a pas, lui, d’ailes pour s’envoler. »