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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/258

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A MES CHANSONS


Au Val-Bénit partez, fils de ma muse !
A peine éclos, c’est là qu’il faut aller ;
Parlez sans moi, vous direz pour excuse.
Il n’a pas, lui, d’ailes pour s’envoler. »

Lisant Rousseau qu’aiment tous les poètes,
Là, j’ai coulé peu de jours bien remplis ;
Mais sans remords j’ai quitté mes Charmettes ;
L’air en est pur, ma pervenche est un lis.

Oh ! quel bonheur de revêtir la brume
Sur le coteau comme un linceul flottant,
Et de chercher à l’horizon qui fume,
Là-bas, là-bas, le toit qu’on aime tant ;

Et de poursuivre aux champs, aux bois, sans terme.
Un papillon, un rêve, un feu follet.
Sûr de trouver, de retour à la ferme,
Un doux accueil, du pain blanc et du lait !