Napoléon (ce pâle jeune homme qui s’est laissé voir si peu de temps) ! Eh bien ! Hercule était le Napoléon de cette époque et les Héraclides étaient ses fils. Un mois auparavant, Athènes les avait trouvés, à son réveil, détrônés, persécutés, sans asile, et embrassant sur la place publique l’autel de la Miséricorde. Leur plainte y avait remué tous les cœurs et toutes les épées, et la vie hospitalière, armée en leur faveur, les envoyait en ce moment, à la tête d’une théorie, interroger, suivant l’usage, l’oracle de Delphes sur l’issue de la guerre. Delphes, comme vous le savez sans doute, était une ville sainte et pleine de merveilles, mais tout le monde traversait alors ces merveilles avec indifférence, et je ferai comme tout le monde. Je ne vous promènerai pas du Parnasse à l’Hippodrome et de l’Hippodrome au trépied, bien convaincu que vous avez fait depuis longtemps ce pèlerinage avec le jeune Anacharsis, cicerone plus habile que moi ; et d’ailleurs, je l’avouerai, j’ai hâte aussi de voir ces fameux Héraclides.
La Grèce entière, à leur aspect, n’éprouva qu’un sentiment, l’admiration ; et ce sentiment éclata par une exclamation unanime et bruyante : « Dieux immortels ! qu’ils sont grands et forts ! »
Un vieillard de haute taille, qu’à son bâton doré et à son bandeau de laine blanche on pouvait reconnaître pour un des vingt rois de la Grèce, se pencha vers l’oreille d’un prêtre d’Apollon qui traversait le temple, portant une cassolette de parfums.
« J’ai connu beaucoup Hercule et Déjanire, dit-il, et ne leur savais que trois fils. Quelle est donc cette vierge voilée, assise au même banc que les Héraclides ?