dans les yeux et dans la voix, qui embellirait la laideur même.
De retour à Athènes, où le même char ramena toute la famille, les trois guerriers décidèrent qu’ils tireraient au sort le lendemain, dans le temple de Minerve, pour savoir lequel d’entre eux devait mourir. Mais quand le pauvre Ixus arriva tout joyeux et tout fier, pour glisser son nom dans l’urne, avec ses frères, ils le repoussèrent, pesnant que ce serait insulter les dieux que de présenter ainsi au Destin, souvent moqueur, l’occasion de leur jeter cette offrande maigre et dérisoire. Quant à Macaria, ils ne souffrirent pas non plus, mais pour une raison différente, qu’elle courût avec eux une chance de mort. Elle était fiancée à Lycus, un des chefs influents d’Athènes (d’Athènes qui s’armait pour eux), et, soit politique, soit reconnaissance, ils exigèrent que les préparatifs du sacrifice n’interrompissent en rien ceux des noces. Aussi Macaria trouva-t-elle au retour sa chambre toute parfumée des présents de Lycus. Mais dans un pareil moment, ses pensées, qui d’avance portaient le deuil d’un frère, n’étaient pas des pensées d’hymen ; et pourtant la guirlande nuptiale était composée de si beaux lis que, d’une main distraite et presque involontairement, Macaria la posa sur son front. Elle entendit, en ce moment, un soupir mal étouffé derrière elle et se retourna… C’était Ixus, Ixus son frère et dont elle était la mère autant que la sœur ; Ixus, qu’elle enlaçait de ses soins parce qu’il était souffrant et dédaigné ; Ixus, qui ne pouvait faire un pas dans la maison sans trouver Macaria pour lui sourire, et à qui la maison allait sembler bien vide et bien grande