Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/291

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à mes funérailles !… Misérable ! ton épée ! » Un accès de toux, plus violent que les autres, l’interrompit. Charles ne fit aucune résistance ; seulement il repoussa, par un geste d’indignation, Tristan qui s’avançait pour le désarmer, et remit de lui-même son épée à l’un des gentilshommes présents. Bientôt, sur un signe du roi, il disparut, entraîné par des gardes. Louis XI, avant de quitter le souterrain, jeta un regard plein de haine sur la cage de sa victime, puis, se penchant vers son compère Tristan, lui glissa quelques mots dans l’oreille.

« J’entends, répondit le bourreau ; il faut en finir : comptez sur moi ; dès ce soir à minuit… » Et, complétant par la pantomine le sens d’une phrase déjà trop claire, il frappait sa main gauche du revers de la droite. Puis le cortège s’éloigna, et, au milieu du bruit décroissant des pas, Nemours put distinguer longtemps encore la voix du despote moribond qui toussait, grondait, et crachait des arrêts de mort avec ses dernières dents.

Pauvre Nemours ! ce doux rayon du ciel qu’on nomme l’espérance n’avait donc glissé dans son cachot que pour lui en faire paraître ensuite l’obscurité plus profonde ! « Avoir seize ans, pensait-il, un frère comme le dauphin Charles, une sœur comme Blanchette, et mourir ! » Et, dans chaque son vague et lointain de la grosse horloge du château qui lui mesurait ses dernières heures, il croyait distinguer ces mots : Mourir, il faut mourir !

En effet, le long escalier en spirale, qui conduisait au souterrain, retentit bientôt sous des pas précipités. Un ruban de lumière, échappé sans doute à la lanterne des bourreaux, tapissa le seuil de la porte. Alors le condamné, sentant bien que son heure était venue, mit précipitamment à terre l