Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/294

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pour sonner une heure. Et voilà qu’aussitôt le sombre et fétide souterrain s’emplit de parfums et de lumière, la cage de fer s’émut d’un bloc comme un décor théâtral de nos jours, et s’abîma… Dieu sait où… sans doute dans l’enfer qui avait inspiré l’architecte inconnu. Les orphelins épouvantés crurent que la foudre venait d’éclater dans la prison. « Blanchette, Blanchette ! où es-tu ? s’écrièrent-ils, tremblant pour l’existence de leur sœur adoptive. — Me voici, mes enfants, répondit une voix douce au-dessus de leurs têtes ». Alors, levant les yeux, ils aperçurent, ébahis, Angélina dans son costume de fée, debout sur le piédestal d’un nuage, et tenant à la main sa baguette reconquise. « N’ayez pas peur, enfants, poursuivit-elle : c’est moi que vous appeliez Blanchette ; mes compagnes m’appellent la Fée des Pleurs… Les vôtres viennent de tarir, et ma mission près de vous est accomplie… Adieu ! »

Le petit duc et le petit roi, comme jadis les enfants du bûcheron, répétaient en joignant les mains : « Bonne petite fée ! ne nous abandonnez pas encore ! — Il le faut, répliqua-t-elle d’un air grave ; vous n’avez plus besoin de consolations, vous, et l’on en réclame ailleurs. J’entends près d’ici une petite mendiante dont les sanglots m’appellent, et j’y cours… Adieu, sire, adieu monseigneur ».

Elle dit, et disparut dans un éclair.