comment nommer : Pactole au sable d’or, Simoïs teint de sang, Eurotas aux lauriers-roses. Son bruit et sa profondeur vous causeraient des vertiges. Donnez-moi la main, ma sœur, fermez les yeux et sautons par-dessus…
Bien ! nous voici tombés au milieu de l’Empire, et nous sommes à la Malmaison, retraite de la noble et malheureuse Joséphine, veuve, par une séparation légale, de Napoléon vivant encore, mais toujours impératrice et toujours adorée des Français qui l’avaient épousée, eux aussi, dans leur cœur, et qui n’avaient point souscrit au divorce.
Accoudée dans sa chambre sur la boîte d’un piano, elle écoutait en souriant une députation de jeunes demoiselles attachées à sa personne, et qui sollicitaient, tremblantes, la permission de jouer des proverbes au château. « Volontiers, mes enfants, répondit la bonne Joséphine ; je veux même me charger des costumes. Grâce à la générosité de l’empereur, ma garde-robe y peut abondamment fournir. Tenez, voici ce que Marchand vient encore de m’apporter tout à l’heure »
Et elle repoussait négligemment du pied une fourrure étendue sur le tapis. Cette parure était si belle, que mademoiselle S.-R., la plus jeune des ambassadrices, ne put s’empêcher de dire, en frappant l’une contre l’autre ses blanches mains en signe d’admiration :
« Dieu ! que Votre Majesté est heureuse !
— Heureuse ! murmura Joséphine, heureuse !… »
Elle parut rêver un moment, et ses doigts distraits errant sur les touches du piano, en tirèrent quelques notes de la romance que nous connaissons déjà :