Zénobie, que l’on attendait, disait-il, pour commencer les répétitions de son drame, reçu la veille par acclamation. Thérèse en fit lecture à haute voix, et dès lors je sentis que c’en était fait de son bonheur. Nous n’opposâmes qu’une résistance faible et sans espoir à l’invincible fascination qui l’entraînait : elle partit… et sans retour !
Un mois après, nous pleurions, son père et moi, sur une lettre au cachet noir portant le timbre de Paris. Thérèse, impatiente de partir, n’avait trouvé, aux messageries de la ville voisine, de place vacante que sur l’impériale, et battue tout un jour par la pluie et le vent, avait passé, à son arrivée, de la voiture sur un lit d’agonie. La gloire l’eût guérie peut-être ; mais à l’instant même où elle se traînait avec effort vers le théâtre dont les appels l’avaient égarée, ce théâtre, comme par une vengeance du ciel, croulait dans les flammes avec ses oripeaux, ses décors, ses cartons, hélas ! et le drame de Zénobie ! Dès lors la fièvre redoubla et eut bon marché de sa victime. Une circonstance singulière marqua les derniers moments de Thérèse ; comme son hôtesse l’invitait à essayer de quelque nourriture :
« Je dînerai ce soir, dit-elle avec l’air et l’accent du délire, je dînerai en belle et nombreuse compagnie. »
Et, d’une main tremblante, elle se mit à tracer des invitations. Or, voici quelle
était la liste des convives :
Dryden, Malfilâtre, Savage, Chatterton, Gilbert, Escousse,
Élisa Mercœur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les jours, les semaines, les mois qui suivirent ces fatales nouvelles, furent pour moi, comme vous pensez bien, remplis de distractions douloureuses. Les caractères répondaient