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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/316

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Qu’en dormant un long sourire
Laisse voir tes dents de lait.

Oui, qu’une douce chimère
Caresse ton front vermeil ;
Rêve des baisers de mère,
Je vais, pendant ton sommeil,
Au pâle éclair de la houille,
Filant comme elle filait,
Demander à sa quenouille
Du pain pour tes dents de lait.


« Bravo ! » m’écriai-je, et d’un bond je fus dans la chambre. Thérèse m’accueillit cordialement, mais d’un air un peu froid. Ses manières trahissaient une préoccupation secrète, et faisaient soupçonner que la jeune métromane n’était pas tout à fait guérie, mais seulement convalescente. je me trouvai un moment après attablé entre elle et son père, devant une excellente soupe aux choux que l’ex-Muse prétendit avoir faite elle-même et sans collaboration, la vaniteuse ! Le repas fut gai : on rit, on jasa beaucoup ; je soupçonne même que l’on déraisonna un peu, la piquette et la joie font de ces tours. Malheureusement, comme je portais mon mouchoir à mes yeux, attendri par les remercîments du bonhomme, le mouvement fit sauter de ma poche une lettre à l’adresse de Thérèse. Pendant que je présidais, à Paris, au transport de ses effets, allant et venant du troisième étage à la rue, son portier m’avait remis pour elle ce billet, qui était resté jusque-là oublié et enseveli dans la poche de mon habit des dimanches. Hélas ! plût à Dieu que les souris de ma chambrette eussent mangé la lettre et l’habit ! C’était une invitation d’un directeur de théâtre à l’auteur de