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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/41

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BÉRANGER


La Liberté chez nous se réfugie ;
Joyeux buveurs, à table et loin du jour,
Que Béranger, pour terminer l’orgie,
De ses refrains nous enivre à son tour.
Chargé de gloire et d’injures nouvelles,
Des bras d’un peuple il tombe dans les fers ;
Il est captif, mais sa muse a des ailes :
Tout bas, tout bas, amis, chantons ses vers !

Quand tour à tour, au pied de nos trophées,
Les rois tombaient, implorant leur pardon,
De son berceau, que balançaient les fées,
Il s’élança, réveillé par un nom…
Ce nom sacré, qu’il n’a pu désapprendre,
Est maintenant proscrit dans l’univers ;
Béranger seul ose le faire entendre :
Tout bas, tout bas, amis, chantons ses vers !

Frondant l’abus de la victoire même,
Au roi des rois il n’a sacrifié