Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/42

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Que sur sa tombe, et quand du diadème
Par le malheur il fut purifié.
Le vieux soldat, dont il sèche les larmes,
Brûlant encor de souvenirs bien chers,
Semble écouter si l’on appelle aux armes :
Tout bas, tout bas, amis, chantons ses vers !

Qu’ai-je osé dire ? Ah ! je sens que ma muse,
Rebelle aussi, déraisonne en buvant :
Comme le vin, qui sera mon excuse,
La poésie enivre bien souvent ;
Mais aujourd’hui, quand Thémis au poëte
Fait expier des sarcasmes amers,
Pour les venger, la France les répète :
Tout bas, tout bas, amis, chantons ses vers !

On l’a frappé dans sa noble misère ;
Il faut de l’or, et je n’ai que des pleurs :
Jeune soldat, quêtant pour Bélisaire,
Ma voix du moins attendrira les cœurs.
Qui ne voudrait, bravant la tyrannie,
Payer sa gloire au prix de ses revers ?
Enflammons-nous aux rayons du génie :
Tout bas, tout bas, amis, chantons ses vers !


1828.