Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/46

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À reproduire en vain ces écrits fugitifs,
Abattus dans leur vol par les ans destructifs,
Pour donner une forme, un essor aux pensées,
Des signes voyageurs, sous des mains exercées,
Vont saisir en courant leur place dans un mot ;
Sur ce métal uni, l’encre passe, et bientôt,
Sortant multiplié de la presse rapide,
Le discours parle aux yeux sur une feuille humide.
O vous, que dépouillaient des vainqueurs insolents,
Muses ! ne craignez plus que vos trésors brûlants
Éclairent leur triomphe, ou que la tyrannie
Dans la prison d’un sage enferme le génie,
Ou que sur un bûcher elle étouffe sa voix :
Bravant la faux du temps et le sceptre des rois,
L’œuvre de la pensée et rapide comme elle,
Comme elle insaisissable, et comme elle immortelle.
Sans peine, l’univers s’unira bien souvent
Aux rêves du poëte, aux veilles du savant.
Le génie en courroux, qui, dans un beau délire,
Contre les oppresseurs fait révolter la lyre,
Croit voir autour de lui le monde s’assembler,
Le peuple s’émouvoir et les tyrans trembler ;
Ainsi, lorsque la Grèce, ivre de chants épiques,
À grands flots se pressait aux fêtes olympiques,
Agités par les sons du luth national,