Tous les cœurs palpitaient d’un mouvement égal,
Tous les cris menaçaient la puissance usurpée,
Tous les bras étendus imploraient une épée.
Les peuples aveuglés, frappés par le pouvoir,
Qui traînaient dans la nuit leurs chaînes sans les voir,
Se relèvent enfin, se parlent, se répondent ;
Puis, comme les douleurs, les plaintes se confondent,
Et ne forment bientôt qu’un seul cri menaçant :
Liberté ! — Si ce nom fut souillé par le sang,
S’il fut un cri de mort contre le diadème,
La gloire, la vertu… c’est que le peuple même
Des fers du despotisme armait la liberté,
Et, successeur des rois, comme eux était flatté ;
C’est qu’aux pieds des bourreaux la presse, encor muette,
N’osait à la douleur offrir un interprète.
Mais, terrible et fécond, l’orage s’est enfui,
Le ciel s’est épuré ; c’est en vain qu’aujourd’hui
D’une époque sanglante on rouvre les abîmes,
Et que pour argument on soulève des crimes ;
Liberté, c’est en vain qu’on cherche à te flétrir !
Tu ne peux maintenant t’égarer ni mourir.
Nuls abus ne pourra grandir dans le silence ;
Contre le despotisme et contre la licence
Les partis font tonner leur courroux éloquent,
Et la lumière entre eux jaillit d’un choc fréquent.
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