Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/48

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Ainsi la vérité, faible solliciteuse,
Qui, comme la prière, à la cour est boiteuse,
Moins timide et moins lente, osera quelquefois
À travers leur conseil se glisser jusqu’aux rois.
Ils entendront les cris de la douleur plaintive ;
La gloire poursuivra la vertu fugitive,
Et, quand même Thémis oublîrait de frapper,
Les forfaits au carcan ne pourront échapper.
Chaque jour, un essaim d’écrits périodiques,
Innombrables hérauts des combats politiques,
Signalant les dangers, vole à l’appui des lois
Rallier tous les cœurs, armer toutes les voix.
Le jeune citoyen, que cet écho réveille,
S’enflamme chaque jour aux débats de la veille,
Et peut-être, embrassant un avenir flatteur,
Du temps qui le vieillit accuse la lenteur,
Souffre de tous les maux de la patrie esclave,
Et rêve en contemplant le buste de Barnave.
Avec un autre siècle ils ont fui pour toujours,
Ces héros de scandale honorés dans les cours,
Qui, d’un nom glorieux subissant l’ironie,
Savaient au plaisir seul sacrifier leur vie.
Le Français, jeune encore, échappant au repos,
Verse, pour l’ennoblir, son sang sous les drapeaux,
Et lorsque avec la paix les muses consolantes