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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/56

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Géant contemporains qui, le front dans la nue,
Se parlent tête à tête une langue inconnue ;
Médailles des césars ou des rois, Sphynx jumeaux,
Qui jettent aux passants des énigmes sans mots…

Pour semer de mes vers un sol vivace en friche,
J’ai choisi Seine-et-Marne, et mon domaine est riche :
C’est Meaux, d’où les éclairs de l’aigle gallican
Effrayaient le hibou qui règne au Vatican ;
Provins, docte ruine où l’histoire s’épelle ;
La cité d’Amyot, veuve de Lachapelle ;
Fontainebleau, qui dort à l’ombre de ses bois,
Où ne résonnent plus le cor et les abois,
Et montre avec orgueil, dans ses cours féodales,
Le pied de l’empereur imprimé sur les dalles.

Sur les partis heurtés j’aurai les yeux ouverts,
Et leur choc trouvera de l’écho dans mes vers.
La marotte n’est pas mon attribut unique :
Je mentirai souvent à mon titre cynique ;
Souvent j’exhumerai quelque vieux fabliau ;
Mon journal poétique, au dernier folio,
Pour le lecteur suant d’une longue tirade,
Sèmera des couplets, en guise de charade ;
Mais, épique ou badin, mon vers précipité