Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/57

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Chantera toujours Dieu, l’Amour, la Liberté !

La liberté surtout ! ce nom plein d’harmonie
Sur mes lèvres de feu n’est pas une ironie ;
Car je l’ai confessé, non tout bas, à huis clos,
Dans les refrains qu’on jette à des murs sans échos ;
Non comme l’orateur du banquet populaire,
Dont la flamme du punch attise la colère ;
Comme un bouffon de club dans ses parades, non !
Mais les pieds dans le sang, en face du canon,
Quand une diète armée, en trois jours de séance,
Sous les poignards d’un roi votait sa déchéance ;
Quand, pour sauver l’État et changer son destin,
Des balles remplaçaient les boules du scrutin,
Et que, de tous côtés, les villes du royaume
Envoyaient des élus à ce grand Jeu de paume.
Pour mes concitoyens j’opinais sans mandat,
Et Provins eut aussi son député-soldat.

Pour glaner des sujets, si nos temps sont arides,
Ma muse fouillera dans les éphémérides ;
Sur chaque anniversaire ou de joie ou de deuil,
Je trouverai le temps de glisser un coup d’œil ;
Quand sur nos boulevards le vent d’automne pleure,
Je veux y méditer une élégie, à l’heure,