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Le chansonnier de rive en rive
Va bourdonnant et voltigeant ;
Comme elle, du myrte à la treille,
Il recommence vingt détours :
Vole, vole, petite abeille,
Vole, vole, vole toujours.
Hélas ! je rampais, demi-nue,
Sans ailes d’or, sans aiguillon,
Quand tout mon essaim vers la nue
S’envola dans un tourbillon ;
Mais Dieu me sourit, Dieu qui veille
Sur un insecte sans secours,
Me dit : « Vole, petite abeille,
» Vole, vole, vole toujours.
» Loin des tourbillons de poussières
» Que font les grands et leurs laquais,
» Dans la mansarde ou la chaumière
» Murmure à de joyeux banquets ;
» Mais en fuyant, pique à l’oreille
» Les Midas qui peuplent les cours :
» Vole, vole, petite abeille,
» Vole, vole, vole toujours.