Découpe aux icoglans le monde en pachaliks ;
Tel secouant la peau du lion de Némée,
Hercule en fait tomber tout un peuple pygmée.
Malheur aux potentats créés par son dédain,
S’ils l’offensaient d’un mot ou d’un geste ! Soudain
Rapp courait châtier la majesté vassale ;
Et quand ses éperons résonnaient dans la salle,
Sous son manteau de roi le coupable suait,
Tremblant comme un pacha surpris par le muet !
Quel ennui t’étouffait dans l’Escurial sombre !
Sur ton lit sans sommeil tu croyais voir dans l’ombre
Flamboyer le poignard et l’œil d’un guérillas ;
Et puis, fermant les yeux, tu revoyais, hélas !
Les montagnes dont l’air enivre la poitrine,
La plaine sablonneuse et la roche marine,
Où, sans prévoir du sort les écueils inconnus,
Enfant insoucieux tu bondissais pieds nus !
Aussi, quand Dieu brisa l’idole chancelante,
Vite tu secouas ta couronne brûlante.
Que dis-je ? grâce à toi, le monde révolté
De quelques jours plus tôt data sa liberté.
Oui, l’aigle impérial, harcelé dans son aire,
Se débattait encor pour saisir un tonnerre ;
Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/63
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée