Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/66

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L’aigle à la fleur de lis et des noms à des noms.
La science héraldique est éteinte, et la France,
En vieillissant, confond dans son indifférence
Sa race tricolore et ses blancs souverains,
L’huile de Notre-Dame et l’ampoule de Reims…

Mais, que fais-je ? et pourquoi, sur un bruit populaire,
Traîner devant ma barre un homme consulaire,
Qui, sans doute, ignorant le factum publié,
Oublieux des partis, s’en croyait oublié.
Heureux colon ! semblable au pasteur de Virgile,
Tu couronnes de fleurs tes pénates d’argile.
Dans un riche désert, que peuplent à la fois
Les révolutions et la haine des rois,
Tranquille au bord des mers, comme une écume immonde,
Tu repousses du pied le bruit de l’ancien monde,
Et si, frappant chez toi, les partis pèlerins
Pour leur pavois désert quêtent des souverains :
Insensés ! réponds-tu, quel espoir vous anime ?
Pourquoi dans son jardin troubler Abdolonyme ?
La couronne avant l’âge a blanchi mes cheveux ;
J’en connais trop le poids : il suffit à mes vœux
Que mon pré soit en fleurs et que mon champ jaunisse.
Peuples qui mendiez des rois, Dieu vous bénisse !

27 juillet 1833