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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/71

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La veille du combat, décrétait la victoire,
Et, dans les rangs prussiens plongeant seul bien souvent,
En rapportait le droit de crier : En avant !
Puis, des bords enflammés du Rhin ou de la Sambre,
Quand un coup de toscin l’appelait à la Chambre,
Plus intrépide encor dans un nouveau danger,
Sur l’ardente montagne il revenait siéger.

À ta place, Merlin, la séance est ouverte.

Des triumvirs jaloux ont médité sa perte.
Il regarde pensif les vides qu’en tombant
Danton et Desmoulins ont laissés sur leur banc ;
Mais, nouveau Damoclès, l’épouvante dans l’âme,
Il ne restera pas accroupi sous la lame.
Contre ses ennemis, sitôt qu’ils paraîtront,
Il s’armera du fer qu’ils pendent sur son front ;
Et, puisqu’à leurs genoux Thémis pâle s’est tue,
Détournera sur eux le hors la loi qui tue.
Robespierre est puissant, Robespierre a pour lui,
Des piques dont l’éclair en vain n’a jamais lui,
Des canons demandant audience à la porte,
Les faubourgs, une armée et Saint-Just ! mais qu’importe ?
Sa voix retentira, qu’on l’applaudisse ou non,
Plus haut que les faubourgs, Saint-Just et le canon.