Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/72

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Le bouillant proconsul, venu de la Gironde,
Assiège le premier la tribune qui gronde.
Écoutez !… Oh ! jamais, sur les glacis d’un fort,
Les cœurs avant l’assaut n’ont palpité plus fort.
Le Sina, d’où tombaient des lois et des tempêtes,
La montagne ébranlée a fendu ses deux crêtes,
Et les pics fraternels, s’entre-choquant tous deux,
Volcanisent le sol, qui palpite autour d’eux.
De spectateurs béants la salle est crénelée ;
Comme un troupeau de loups qui flaire la mêlée,
La plèbe anthropophage attend là, pour savoir
Quelle chair et quel sang on lui promet ce soir…
Mais tout à coup le monstre hésite à s’en repaître
Le lion d’Androclès a reconnu son maître ;
Les décrets promulgués expirent sous les cris ;
Des bras nus et sanglants relèvent les proscrits ;
Par tous ses soupiraux, le vieil Hôtel de Ville,
Haletant, a soufflé la tempête civile,
Et sur les quais bruyants où Paris est debout
Aux feux de thermidor la sédition bout.
Merlin se lève alors, fier d’un rôle à sa taille ;
Encor poudreux des camps, il vole à la bataille.
Il part ; les cris de mort ne l’intimident point ;
Il plonge dans l’émeute, un pistolet au poing,
Devant les conjurés se dresse, loi vivante,