De la sainte vieillesse un poëte amoureux
Les fera souvenir que j’ai chanté pour eux,
Réjouira mon cœur d’une parole amie,
Versera des parfums sur ma gloire momie,
Et, payant au rimeur la dette du savant,
De funèbres lauriers m’embaumera vivant.
Le moi présomptueux de Montaigne et de Sterne
Est mal reçu, venant d’un auteur subalterne ;
Mais comme un premier-né, Diogène m’est cher ;
Je ne distingue pas mon œuvre de ma chair,
Et je dois me laver des reproches qu’on lance
Tantôt à mes discours, tantôt à mon silence.
Sur des abus flagrants, dit-on, je me suis tu,
J’ai porté des défis et n’ai point combattu ;
Puis, j’avais annoncé qu’en un large domaine
Mon Pégase ouvrirait un sillon par semaine ;
Je n’ai pas su tenir ce que je promettais
Et mon jeune crédit mourra sous les protêts…