Si tu devais un jour (ce qu’au destin ne plaise !)
Allonger d’un Bourbon la chronique française,
Une émeute sans fin bourdonnerait dans l’air,
Et livrerait Paris aux brigands de Schiller.
Pour chasser les démons ardents à ta poursuite,
Tu t’armerais en vain d’un aumônier jésuite ;
Tu flairerais de loin chaque placet, de peur
Que son pli n’exhalât une horrible vapeur ;
Sand heurterait encore au seuil des ministères,
Staabs irait troubler tes fêtes militaires ;
Louvel de son tombeau sortirait furibond ;
Son vivace poignard a soif du sang Boubon.
Mais ne te flatte pas même d’un jour prospère ;
Tu ne dois pas mourrir de la mort de ton père ;
Et, si tu te mêlais à des brigands bénis,
On creuserait ta fosse ailleurs qu’à Saint-Denis.
Miraculeux sauveur, n’écoute pas les mages,
Dont ta crèche dorée attire les hommages :
On dit que, pour tenter l’Achille de treize ans,
Ils glissent une épée à travers leurs présents.
Ah ! si par leurs conseils ta jeunesse est trompée,
Malheur ! car nous aussi nous t’offrons une épée ;
Mais, sentant à la fin notre clémence à bout,
Nous te la présentons par la pointe, et debout !…
Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/92
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