Et qu’as-tu pour appui ? Quelques têtes ridées,
Dont les cheveux de neige ont glacé les idées,
Des menins du régent, des docteurs ès blason,
Imbéciles Calebs de ta vieille maison,
Dont le sang, rare et froid, se figeant sous la hache,
à la main du bourreau ne ferait point de tache,
Parmi ces noms obscurs, il en est un brillant,
Un que nous t’envions, un seul : Chateaubriand !
Mais, sur les lauriers verts qui forment son trophée,
Pâle tige de lis, en vain il t’a greffée,
Son génie est puissant et nous le défions ;
Hélas ! il est passé le temps des Amphions…
Sur les palais détruits, ses pleurs et ses prières,
Abondants, ont coulé sans émouvoir les pierres.
Pour écouter ce prêtre aux chants mélodieux,
Nous voyons trop les vers qui rongent ses faux dieux.
Sa voix, lorsqu’à ta cause il promet la victoire,
Pour la première fois se perd sans auditoire ;
Et, dans sa loyauté de chevalier chrétien,
Il perd son avenir sans restaurer le tien.
Dis donc à ce vieillard, puisqu’il daigne se mettre
Aux genoux d’un enfant qu’il appelle son maître,
Dis-lui de refuser aux profanes débats
Des mots qui ne sont point la langue d’ici-bas ;
De se réfugier au monde qu’il se crée,
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