Ô vous ! qui, recueillant ma première parole,
Au ménestrel quêteur glissâtes votre obole,
Je vous devais un hymne, et je soupire un lai ;
Au poëte insolvable accordez un délai.
J’ai promis d’exploiter les trésors de nos fastes ;
À tous nos jours de gloire, à tous nos jours néfastes,
J’ai promis un salut, et ma voix sommeillait
Quand celle du canon cria : Vingt-neuf Juillet.
La rime, dont Boileau se plaignait à Molière,
Regimbe quelquefois sous ma plume écolière ;
Il est de ces moments de fatigue et d’ennuis
Où l’on dort, enfumé par la lampe des nuits,
Où le front soucieux est labouré de rides,
Sans qu’il fleurisse un vers dans leurs sillons arides.
Pour déranger le vol des habitants de l’air,
Il ne faut qu’un atome ; or, il advint qu’hier,
Mon sylphe pélerin, dansant autour du globe,
S’égara par hasard dans les plis d’une robe,
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