Page:Œuvres de Louise Ackermann.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Comme une blanche coupe, un pur calice ouvert ;
L’Aurore lui prêtait son charme et son prestige,
Et, lui, ne demandait qu’à balancer sa tige
Et verser ses parfums sur le vallon désert.
Oui, l’amour a fleuri dans cette vie austère,
L’amour humain, Pascal ; ton cœur a touché terre.
Toi qu’appelait d’en haut la voix du Dieu jaloux,
Comment ! te voilà pris au piège d’un sourire,
Et devant la Beauté qui t’engage et t’attire,
Comme un simple mortel tu tombes à genoux !
Quelle était cette femme assez noble, assez belle,
Pour soumettre à son joug ce cœur fier et rebelle ?
Les hommes ici-bas jamais ne le sauront.
L’image fugitive à peine se dessine ;
C’est un fantôme, une ombre, et la forme divine,
En passant devant nous, garde son voile au front.
Autour d’elle ce n’est que silence et mystère ;
Son amant le premier se résigne à se taire,
Et peut-être fut-elle aimée à son insu.
Quoi ! séduire un Pascal et n’en avoir rien su !
Si, si, tu le savais. L’Amour a son langage.
Oh ! comme on l’entend vite et sans l’avoir appris !
Tout parle, le regard, les teintes du visage…
Hélas ! n’aurais-tu pas plutôt trop bien compris ?
Nous te soupçonnons d’être une âme tendre et douce,
Craignant tout choc soudain et prompte à se troubler,
Ton amant, prodiguant l’éclair et la secousse,
N’a pu que t’éblouir sans doute et t’ébranler.
Il nous semble ici voir vers un mont qui surplombe,