Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/121

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Et mis le fils d’Aerope au berceau de ce fils,
Dont depuis m’ont privé les deſtins ennemis.
C’eſt ſous un nom ſi cher qu’Argos l’a vu paraître :
Je fis périr tous ceux qui pouvaient le connaître ;
Et, laiſſant ce ſecret entre les dieux & moi,
Je ne l’ai juſqu’ici confié qu’à ta foi.
Après ce que tu ſais, ſans que je te l’apprenne,
Tu vois à quel deſſein j’ai conſervé Pliſthène ;
Et, puiſque la pitié n’a point ſauvé ſes jours,
À quel uſage enfin j’en deſtine le cours.

E U R Y S T H È N E.

Quoi ! Seigneur, ſans frémir du tranſport qui vous guide,
Vous pourriez réſerver Pliſthène au parricide !

A T R É E.

Oui, je veux que ce fruit d’un amour odieux
Signale quelque jour ma fureur en ces lieux ;
Sous le nom de mon fils, utile à ma colère,
Qu’il porte le poignard dans le ſein de ſon père ;
Que Thyeſte, en mourant, de ſon malheur inſtruit,
De ſes lâches amours reconnaiſſe le fruit.
Oui, je veux que, baigné dans le ſang de ce traître,
Pliſthène verſe un jour le ſang qui l’a fait naître ;
Et que le ſien après, par mes mains répandu,
Dans ſa ſource à l’inſtant ſe trouve confondu.
Contre Thyeſte enfin tout paraît légitime ;