Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/139

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De ſes lambeaux ſanglants à mes yeux s’eſt voilée.
Alors j’ai fait, pour fuir, des efforts impuiſſants ;
L’horreur a ſuspendu l’uſage de mes ſens.
À mille affreux objets l’âme entière livrée,
Ma frayeur m’a jeté ſans force aux pieds d’Atrée.
Le cruel, d’une main, ſemblait m’ouvrir le flanc,
Et de l’autre, à longs traits, m’abreuver de mon ſang.
Le flambeau s’eſt éteint ; l’ombre a percé la terre ;
Et le ſonge a fini par un coup de tonnerre.

T H É O D A M I E.

D’un ſonge ſi cruel quelle que ſoit l’horreur,
Ce fantôme peut-il troubler votre grand cœur ?
C’eſt une illuſion…

T H Y E S T E.

C’eſt une illuſion…J’en croirais moins un ſonge,
Sans les ennuis ſecrets où ma douleur me plonge.
J’en crains plus du tyran qui règne dans ces lieux
Que d’un ſonge ſi triſte, & peut-être des dieux :
Je ne connais que trop la fureur qui l’entraîne.

T H É O D A M I E.

Vous connaiſſez auſſi les vertus de Pliſthène…

T H Y E S T E.

Quoiqu’il ſoit né d’un ſang que je ne puis aimer,
Sa généroſité me force à l’eſtimer.