Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/140

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Ma fille, à ſes vertus je ſais rendre juſtice ;
Des fureurs du tyran ſon fils n’eſt point complice.
Je ſens bien quelquefois que je dois le haïr ;
Mais mon cœur ſur ce point a peine à m’obéir.
Hélas ! Et plus je vois ce généreux Pliſthène,
Plus j’y trouve des traits qui déſarment ma haine.
Mon cœur, qui cependant craint de lui trop devoir,
Ni ne veut, ni ne doit compter ſur ſon pouvoir.
Quoique ſur ſa vertu vous ſoyez raſſurée,
Je ſuis toujours Thyeſte, & lui le fils d’Atrée.
Je crois voir le tyran ; je vous laiſſe avec lui :
Ma fille, devenez vous-même notre appui ;
Tentez tout ſur le cœur de mon barbare frère ;
Songez qu’il faut ſauver & vous & votre père.


SCÈNE III.
Atrée, Théodamie, Euryſthène, Alcimédon, Léonide, Gardes.
A L C I M É D O N.

Vous tenteriez, ſeigneur, un inutile effort ;
Je le ſais d’un vaiſſeau qui vient d’entrer au port.
On ne ſait s’il a pris la route de Mycènes :