Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/158

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A T R É E.

Où ſont mes ennemis ? Ciel ! Que viens-je d’entendre ?
Thyeſte eſt dans ces lieux, & l’on peut s’y méprendre !
Vous deviez l’immoler à mon reſſentiment :
Voilà mon ennemi, voilà votre ſerment.

P L I S T H È N E.

Quelle que ſoit la foi que je vous ai jurée,
J’aurais cru que la vôtre eût été plus ſacrée ;
Qu’un frère, dans vos bras, à la face des dieux,
M’eût aſſez acquitté d’un ſerment odieux.
D’un pareil ſouvenir ma vertu me diſpense ;
Je ne me ſouviens plus que de votre clémence.
Mon devoir a ſes droits, mais ma gloire a les ſiens,
Et vos derniers ſerments m’ont dégagé des miens.

A T R É E.

Sans vouloir dégager un ſerment par un autre,
Veux-tu que tous les deux nous rempliſſions le nôtre ?
Et tu verras bientôt, ſi j’explique le mien,
Que ce dernier ſerment ajoute encore au tien.
J’ai juré par les dieux, j’ai juré par Pliſthène,
Que ce jour qui nous luit mettrait fin à ma haine.
Fais couler tout le ſang que j’exige de toi,
Ta main de mes ſerments aura rempli la foi.
Regarde qui de nous fait au ciel une injure,
Qui de nous deux enfin eſt ici le parjure.