Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/174

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T H Y E S T E apercevant Pliſthène.

Que vois-je ? Dieux puiſſants, après un ſi grand bien,
Non, Thyeſte de vous ne demande plus rien.
Quoi ! Prince, vous vivez ! Eh ! Comment d’un perfide
Avez-vous pu fléchir le courroux parricide ?
Que faiſiez-vous, cher prince ? Et dans ces mêmes lieux
Qui pouvait ſi longtemps vous cacher à nos yeux ?
Effrayé des fureurs où mon âme eſt livrée,
Je vous croyais déjà la victime d’Atrée ;
Pliſthène dans ces lieux n’était plus attendu.
Je l’avoue, à mon tour je me ſuis cru perdu :
J’allais tenter…

P L I S T H È N E.

J’allais tenter… Calmez le ſoin qui vous dévore ;
Vous n’êtes point perdu, puiſque je vis encore.
Tant que l’aſtre du jour éclairera mes yeux,
Il n’éclairera point votre perte en ces lieux :
Malgré tous mes malheurs, je vis pour vous défendre.