Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/18

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ſur-tout depuis que le Roi a daigné en ordonner l’impreſſion à ſon Imprimerie royale, bienfait qui, en me comblant de gloire, ſeroit ſeul capable de confirmer le public dans la bienveillance dont il m’a toûjours honoré, & dont il m’a donné des marques ſi particulières ; mais je n’ai jamais eu grande foi aux corrections, la plûpart ne ſont que des fautes nouvelles : lorſqu’on n’eſt plus dans la chaleur des premières idées, on ne peut trop ſe défier des ſecondes. Un autre motif m’a engagé à me laiſſer tel que j’étois quand le public m’a pris ſous ſa protection ; comme je ne me flatte pas de pouvoir devenir un modèle, mes défauts pourront ſervir d’inſtruction : peut-être qu’en m’examinant de près, mes ſuccesseurs ſeront à leur tour tentés de faire l’examen de leur conſcience, ils en ſentiront mieux les dangers d’une carrière auſſi épineuſe que celle du Théâtre, quand ils verront qu’un homme né avec une ſorte de talent pour la Tragédie, & éclairé par les pièces de Corneille & de Racine, n’a pû éviter des écueils que vrai-ſemblablement il devoit avoir aperçûs ; je ſuis d’autant moins excuſable, que j’ai