Non, à voir les malheurs où j’ai plongé ta vie,
Je me repentirais de te l’avoir ravie.
Par tes gémiſſements je connais ta douleur :
Comme je le voulais tu reſſens ton malheur ;
Et mon cœur, qui perdait l’eſpoir de ſa vengeance,
Retrouve dans tes pleurs ſon unique eſpérance.
Tu ſouhaites la mort, tu l’implores ; & moi,
Je te laiſſe le jour pour me venger de toi.
Tu t’en flattes en vain, & la main de Thyeſte
Saura bien te priver d’un plaiſir ſi funeſte.
Ah ciel !
Fuyez, & remettez votre vengeance aux dieux.
Contente, par vos pleurs, d’implorer leur juſtice,
Allez loin de ce traître attendre ſon ſupplice.
Les dieux, que ce parjure a fait pâlir d’effroi,
Le rendront quelque jour plus malheureux que moi ;
Le ciel me le promet, la coupe en eſt le gage ;
Et je meurs.