Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/195

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A T R É E.

Non, à voir les malheurs où j’ai plongé ta vie,
Je me repentirais de te l’avoir ravie.
Par tes gémiſſements je connais ta douleur :
Comme je le voulais tu reſſens ton malheur ;
Et mon cœur, qui perdait l’eſpoir de ſa vengeance,
Retrouve dans tes pleurs ſon unique eſpérance.
Tu ſouhaites la mort, tu l’implores ; & moi,
Je te laiſſe le jour pour me venger de toi.

T H Y E S T E.

Tu t’en flattes en vain, & la main de Thyeſte
Saura bien te priver d’un plaiſir ſi funeſte.

Il ſe tue.
T H É O D A M I E.

Ah ciel !

T H Y E S T E.

Ah ciel !Conſolez-vous, ma fille ; & de ces lieux
Fuyez, & remettez votre vengeance aux dieux.
Contente, par vos pleurs, d’implorer leur juſtice,
Allez loin de ce traître attendre ſon ſupplice.
Les dieux, que ce parjure a fait pâlir d’effroi,
Le rendront quelque jour plus malheureux que moi ;
Le ciel me le promet, la coupe en eſt le gage ;
Et je meurs.