Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/244

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Ce n’eſt pas que mon cœur veuille vous faire un crime
D’un ſoin que ſes malheurs rendent ſi légitime ;
Mais, Seigneur, je ne ſais ſi ce ſoin généreux
900A dû ſeul vous toucher, quand tout flatte vos vœux.

T Y D É E.

Non, des bontés du roi mon âme enorgueillie
Ne ſe méconnaît point quand lui-même il s’oublie.
S’il deſcend juſqu’à moi pour le choix d’un époux,
Mon reſpect me défend l’eſpoir d’un bien ſi doux ;
905Et telle eſt de mon ſort la rigueur infinie,
Que, lorſqu’à mon deſtin vous devez être unie,
Votre rang, ma naiſſance, un barbare devoir,
Tout défend à mon cœur un ſi charmant eſpoir.

I P H I A N A S S E.

Je comprends la rigueur d’un devoir ſi barbare,
910Et conçois mieux que vous tout ce qui nous ſépare !
Plus que vous ne voulez, j’entrevois vos raiſons.
Si ma fierté pouvqit deſcendre à des ſoupçons…
Mais non, ſur votre amour que, rien ne vous contraigne ;
Je ne vois rien en lui que mon cœur ne dédaigne.
915Cependant a mes yeux, fier de cet attentat,
Gardez-vous pour jamais de montrer un ingrat.