Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/262

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De cet heureux ſecret mon cœur eſt éclairci.

P A L A M È D E.

Je rends graces au ciel qui vous rejoint ici.
Oreſte m’eſt témoin avec quelle tendreſſe
J’ai déploré le ſort d’une illuſtre princeſſe ;
1255Avec combien d’ardeur j’ai toujours ſouhaité
Le bienheureux inſtant de votre liberté.
Je vous raſſemble enfin, famille infortunée,
À des malheurs ſi grands trop longtemps condamnée !
Qu’il m’eſt doux de vous voir où régnait autrefois
1260Ce père vertueux, ce chef de tant de rois,
Que fit périr le ſort trop jaloux de ſa gloire !
Ô jour que tout ici rappelle à ma mémoire,
Jour cruel qu’ont ſuivi tant de jours malheureux,
Lieux terribles, témoins d’un parricide affreux,
1265Retracez-nous ſans ceſſe un ſpectacle ſi triſte !
Oreſte, c’eſt ici que le barbare Égiſthe,
Ce monſtre déteſté, ſouillé de tant d’horreurs,
Immola votre père à ſes noires fureurs.
Là, plus cruelle encor, pleine des Euménides,
1270Son épouſe ſur lui porta ſes mains perfides.
C’eſt ici que ſans force, & baigné dans ſon ſang,
Il fut longtemps traîné le couteau dans le flanc.
Mais c’eſt là que, du ſort laſſant la barbarie,
Il finit dans mes bras ſes malheurs & ſa vie.