Voyez par quels périls vos jours ſont menacés :
Fuyez, n’inſistez plus ; je crains, c’en eſt aſſez.
Jugez par mon amour de ce que je dois craindre,
Puiſqu’à nous ſéparer ce ſoin m’a pu contraindre ;
Jugez de mes frayeurs… ah ! Loin de ces climats
Allez chercher des dieux qui ne ſe vengent pas.
Eh ! Que pourrait m’offrir une terre étrangère,
Que des dieux ennemis, ſi je ne vois mon père ?
Vos dieux ſeront les miens : laiſſez-moi, près de Vous,
De ces dieux irrités partager le courroux.
Ah ! Fuyez-moi… fuyez le ciel qui m’environne.
Fuyez, mon fils, fuyez… puiſqu’enfin je l’ordonne ;
Et, ſans vous informer du ſecret de mes pleurs,
Fuyez, ou redoutez le comble des horreurs.
Avec vous à Samos conduiſez Érixène.
Seigneur…
Des crimes de ſon père immolé par nos lois
La fille n’a point dû porter l’injuſte poids.