Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/71

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Adieu : peut-être un jour le deſtin moins ſévère
Vous permettra, mon fils, de revoir votre père.
Dérobez cependant à des dieux ennemis
Une princeſſe aimable, un ſi généreux fils.

I D A M A N T E.

Érixène ! Eh ! Pourquoi compagne de ma fuite ?
Expliquez… mais je vois que votre âme eſt inſtruite.
Érixène, ſeigneur, m’eſt un préſent bien doux ;
Mais tout cède à l’horreur de m’éloigner de vous.
À ce triſte départ quel aſtre pourrait luire ?
Voyez le déſespoir où vous m’allez réduire.
En vain ſur cet exil vous croyez me tenter :
Plus vous m’offrez, ſeigneur, moins je puis vous quitter.
Je vous dois trop, hélas !… quelle tendreſſe extrême !
M’offrir en même jour & ſceptre & ce que j’aime !
Non…

I D O M É N É E.

Non…Ce que vous aimez ?

I D A M A N T E.

Non… Ce que vous aimez ? Ah ! Pardonnez, ſeigneur ;
Je le vois, vous ſavez les ſecrets de mon cœur.
Pardonnez : j’en ai fait un coupable myſtère ;
Non, que pour vous tromper, je vouluſſe m’en taire…
Mais d’un feu qu’en mon ſein j’avais cru renfermer,